Annabel Abbs
Editions Pocket / 2023 / 416 pages
Basé sur l’histoire vraie de la première auteure de cuisine moderne, Miss Eliza est un roman envoûtant sur l’amitié féminine, la lutte pour l’indépendance des femmes, la maternité, la volonté de réussir pour une femme et, bien sûr, la passion de la cuisine et les prémices d’une cuisine saine.
Ma deuxième lecture dans le cadre du #grandprixdeslecteurspocket2024, et je dois dire que j’ai été agréablement conquise. Il faut dire que l’Angleterre du début du XVIIIème me fascine plutôt et de suivre des femmes de classes différentes évoluer dans cet univers encore si fermé aux envies d’accomplissement féminin à attisé ma curiosité.
Une « vieille fille » bourgeoise de 36 ans qui rêve de devenir poète mais dont la famille ruinée la pousse à faire des choix, une gamine pauvre avec la charge d’une mère démente et d’un père désespéré… Qui aurait dit que ces deux-là se retrouveraient à partager une passion commune au point de ne plus pouvoir se passer l’une de l’autre?
Je me suis mise à voir de la poésie dans les choses les plus étranges : de la noix de muscade bosselée au panais pâle strié de terre. Et je me demande si je pourrais écrire un livre de cuisine empreint de la vérité et de la beauté de la poésie. Pourquoi l’art culinaire ne serait-il pas poétique ? Pourquoi un livre de recettes ne serait-il pas quelque chose de beau ?
À travers le portrait de Miss Eliza Acton, considérée comme la première autrice de livres de cuisine moderne, Annabel Abbs a intelligemment inséré des éléments fictifs ou du moins adaptés comme le personnage d’Ann Kirby, la faisant parler candidement un chapitre sur deux en alternance avec sa patronne, cheffe des fourneaux de leur royaume parfois inconsciente des réalités de son monde tant qu’elles ne font pas écho à ses propres désirs.
Outre l’intérêt de l’histoire de ces deux femmes qui luttent pour trouver leur place, accordent les situations à leur avantage et tirent leur épingle du jeu, un seul mot me vient en tête : passion. J’ai rarement lu un livre qui parle de cuisine avec autant d’intensité, décrivant les aliments, les saveurs, les produits dont on peut presque sentir l’odeur émaner des pages.. une véritable expérience.
Une recette peut-être aussi belle qu’un poème. Utile et belle. Ce n’est pas forcément une liste inélégante d’instructions aboyées.
bouquineries.com 
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