Blizzard

Marie Vingtras

Editions Points / 2023 / 176 pages

Une course effrénée contre la mort qui s’engage, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.

Voilà un roman qui m’a prise au dépourvu.   
  
Choisi au hasard d’un étal au Salon du livre de Genève de mars dernier, c’est la couverture qui a retenu mon regard et le titre mon attention. Pourtant ce premier roman a été primé de nombreuses fois et je n’en avais jamais entendu parler. Deux cent pages d’inconnu.   
  
Direction l’Alaska donc, la patrie du blizzard où s’aventurer dehors lors d’une de ces violentes tempêtes signifie souvent un aller sans retour. C’est donc avec angoisse qu’on apprend qu’un jeune garçon a lâché la main de la femme qui l’accompagnait et a disparu dans la nature hostile qui ne laisse que peu de chances de survie.   
  
Bess. Benedict. Cole. Freeman. Ce sont les histoires de ces quatre personnages qui vont se succéder lors de courts chapitres. Chacun cherche à retrouver l’enfant. Pas tous pour les mêmes raisons. Pas tous de la même manière. On apprend peu à peu les raisons pour lesquelles ces personnalités à priori si différentes se sont retrouvées à cet endroit là en même temps. Des destins qui se dévoilent, des secrets qui ne se taisent plus et d’autres qui explosent au visage.  

J’ai toujours aimé les tempêtes, et surtout le moment juste avant, quand il faut tout protéger, boucher les interstices, rentrer assez de bois pour tenir quelques jours et se faire un espace clos, le plus hermétique possible.

Par le parti pris de la narration de ce roman choral – chaque protagoniste s’exprime à la première personne, monologues dévoilant les pensées les plus secrètes de chacun – on s’identifie peu à peu à tous les personnages, revivant avec eux leurs souvenirs, partageant leurs réflexions profondes, alors qu’ils sont de nature si différente et opposée. En intégrant leurs pensées et leurs confessions, on comprend chaque chemin, chaque aboutissement dans cette région perdue, ensevelie sous la neige comme les vérités qui émergent peu à peu.

Je n’en dirai pas plus, Blizzard est l’un de ces romans qui s’apprécie d’autant plus qu’on en sait le moins possible.  
  
Si j’ai mis quelques chapitres à comprendre où l’autrice voulait nous emmener, je n’ai ensuite plus pu lâcher ses pages. Une belle découverte de cette primo-romancière française.  A suivre !

Je l’ai perdu. J’ai lâché sa main pour refaire mes lacets et je l’ai perdu. Je sentais mon pied flotter dans ma chaussure, je n’allais pas tarder à déchausser et ce n’était pas le moment de tomber. Saleté de lacets. J’aurais pourtant juré que j’avais fait un double nœud avant de sortir. Si Benedict était là, il me dirait que je ne suis pas suffisamment attentive, il me signifierait encore que je ne fais pas les choses comme il faut, à sa manière. Il n’y a qu’une seule manière de faire, à l’entendre. C’est drôle. Des manières de faire, il y en a autant que d’individus sur terre, mais ça doit le rassurer de penser qu’il sait. Peu importe, j’ai lâché sa main combien de temps ? Une minute ? Peut-être deux ? Quand je me suis relevée, il n’était plus là. J’ai tendu les bras autour de moi pour essayer de le toucher, je l’ai appelé, j’ai crié autant que j’ai pu, mais seul le souffle du vent m’a répondu. J’avais déjà de la neige plein la bouche et la tête qui tournait. Je l’ai perdu et je ne pourrai jamais rentrer.

Note : 3 sur 5.

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