Maud Mayeras
Editions Pocket / 2022 / 336 pages
Le Terrier et ses habitants, une mère et ses deux enfants, un Ogre qui règne en maître.
Ils sont enfermés mais ils n’ont connu que ça. Le terrier. La lumière du soleil est mortelle et dehors c’est dangereux. Il y a des humains dehors et tout le monde sait que les humains tuent les monstres. Les monstres comme eux. Alors ils vivent au jour le jour, avec leur mère, ravitaillés et élevés dans les règles instaurées depuis leur naissance, par la main d’Aleph.
Mais un jour Aleph ne vient plus vider le seau de leurs déchets. Il ne vient plus amener de l’eau ou un carré de chocolat. Ils doivent se faire une raison : ils sont seuls.
Cette histoire doit selon moi vraiment s’appréhender en n’en sachant pas plus. Il faut entrer dans la peau des monstres pour comprendre leur vision, ressentir leurs émotions exacerbées et tenter de se mettre à leur place. Plus on avance dans l’histoire en découvrant les coulisses sordides, plus on a envie de reculer pour ne pas en savoir plus. Mais l’autrice a le talent indéniable de nous happer sans plus nous lâcher… jusqu’au dénouement. Inévitable.
Nous préférons les contes qui se déroulent dans le vaste monde. Ceux qui parlent de voyages, de couleurs, de cuisine. Nous imaginons ce qui n’existe pas. La liberté et la bienveillance, l’amour et la paix. Les mots qui ne sont que mensonges. Aleph nous force à lire, pas pour que nous retenions les inepties qui se nichent au creux des livres, mais pour que nous apprenions à dompter le langage.
Un thriller époustouflant qui nous ramène aux pires histoires de séquestrations qui ont été relatées par des rescapées comme Natascha Kampuch. La noirceur de la nature humaine y est dépeinte dans son plus simple appareil et réveille en nous un malaise latent qui s’explique par la réalité si proche.
A réserver à un lectorat qui sait (un minimum) à quoi s’attendre.
Nous sommes des monstres. C’est le nom que nous donne les autres car nous sommes trop différents de ce qu’ils sont ou connaissent.
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