L’apparence du vivant

Charlotte Bourlard

Editions Inculte / 2022 / 120 pages

Un premier roman radical, d’où émerge, à travers la noirceur et la cruauté, la douceur d’un amour filial.

« Couple de personnes âgées bien sous tous rapports cherche aide à domicile H24 pour s’occuper de leurs vieux jours ».  

Ce roman pourrait commencer avec cette petite annonce. On rencontre cette jeune femme, passionnée de photographie, qui vit avec le coupe Martin depuis des années maintenant, prenant soin d’eux avec tendresse et dévouement. Et pourtant.

Est-ce le fait qu’ils vivent dans un ancien funérarium, pour elle qui est fascinée par la mort, le lien qui unit les vieux époux ou encore la passion de Madame Martin pour sa collection d’animaux naturalisés qui lui a tant donné l’envie de s’installer chez eux? On découvre peu a peu que ce qui l’unît à Madame Martin dépasse le stade de la relation d’un proche aidant dans le sens où tout un chacun pourrait l’entendre.  

Le fric et les sentiments sont les mobiles préférés des meurtriers. Deux points pour nous.

Ce roman, peu vu dans la sphère bookstagram mais que j’ai découvert sur le compte instagram de @monbaratin (qui en général ne propose que des lectures qui font mouche chez moi) m’intriguait énormément. Sa couverture, son titre, son quatrième un peu énigmatique… il me paraissait entouré d’un halos de mystère. Et j’en ai eu pour ma curiosité.  

Charlotte Bourlard, avec une écriture extrêmement poétique et douce, nous embarque dans un monde obscur et inconnu avec un naturel déconcertant. Nous faisant découvrir les rives sombres de Liège, elle nous apprend une autre manière de concevoir la vie, la mort, et la vie après celle-ci. C’est glauque, c’est dérangeant mais elle en fait quelque chose d’étonnement beau. Chaque mot est choisi avec soin, presque autant que la dextérité de son personnage qui apprend la perfection du geste.  

Un roman noir mais rempli de beautés cachées.  

Elle aime les dimanches matin, quand je l’allonge dans son cercueil préféré. Dix-huit millimètres d’orme satiné, six poignées sculptées en acajou. Le couvercle est divisé en deux parties, une amovible pour aérer la tête et l’autre, fixe, qui garde le corps à l’abri. L’intérieur est capitonné de velours rouge, un peu comme au théâtre. La cuvette est étanche pour quand le corps se met à couler. « Regarde comme je suis morte. »

Note : 3.5 sur 5.

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