Ludovic Manchette et Christian Niemiec

Editions Pocket / 2021 / 350 pages
Sous des airs de polar américain, « Alabama 1963 » est avant tout une plongée captivante dans les États-Unis des années 1960, sur fond de ségrégation, de Ku Klux Klan et d’assassinat de Kennedy.
Vue, revue et rerevue dans la sphère Bookstagram, cette couverture de livre vous dit forcément quelque chose. L’idée n’est pas de réécrire une énième chronique redondante sur ce roman, mais quand même. Il faut en parler.
On est donc en 1963 en Alabama. On sait plus ou moins tous ce que signifie cette période pour la communauté noire de ces états sudistes. Des blancs à l’esprit étriqué, des panneaux refusant les chiens et les nègres à l’entrée des restaurants et des paquets d’idées ultra violentes et de discours bien rétrogrades, tout en assistant à la naissance d’un grondement qui ne cessera d’enfler et de grandir dans une Amérique qui connaît des années de grand bouleversement.
C’est dans ce contexte qu’on découvre une enquête autour de meurtres sordides mêlant racisme et enjeux de société. Des petites filles noires assassinées, la peur qui gangrène une communauté, et une police de blancs réacs qui doit quand même faire semblant de se sentir concernée au bout de plusieurs corps retrouvés.
Et puis Bud, un détective alcoolique, raciste et instable se retrouve à enquêter aux côtés de sa femme de ménage noire qui lui ouvre les portes d’un monde qu’il croyait connaître et avoir catalogué sans remords. C’est la rencontre de deux mondes que tout oppose. Deux mentalités, au croisement d’une Histoire en mouvement.
Elle se dit que, décidément, Dieu avait plus d’imagination qu’elle et que tout était possible en ce bas monde. Si un détective blanc pouvait aider des Noirs, si on pouvait assassiner le président des États-Unis, si elle avait pu se débarrasser de Lazarus, si une femme pouvait vivre avec une femme, alors peut-être qu’un jour Elijah( son fils) pourrait être chirurgien. Ou président. Non, trop dangereux. Chirurgien.
J’ai beaucoup aimé l’intrigue, et j’avoue sans peine n’avoir pas deviné de quoi il retournait avant la fin. Mais par contre…. que de clichés ! Peut-être ai-je trop lu de littérature sur cette période aux États-Unis et me suis-je déjà trop intéressée à la question de la ségrégation raciale mais par pitié! Je ne suis vraiment pas certaine que de dépeindre des personnages de manière si caricaturale serve réellement la cause… bien sûr qu’ils sont attachants, que les dialogues sont fins et remplis d’humour – parfois bien cynique – mais trop de déjà vu pour moi.
Pourtant je sais qu’il a fait un carton et je comprends parfaitement pourquoi. Ma lecture n’a pas été désagréable, j’en attendais juste autre chose, et je me suis retrouvée un peu trop exigeante sur ce coup-là. Dommage !
– Vous préférez qu’on dise de vous que vous êtes une femme noire ou que vous êtes une femme de couleur ?
– Je préfère qu’on dise que je suis une femme bien.

Un commentaire sur “Alabama 1963”
Les commentaires sont fermés.