Pete Fromm

Editions Gallmeister / 2023 / 400 pages
Pete Fromm nous offre un voyage inattendu à travers les lacs du Canada où la surface glacée de l’eau sert de miroir à nos peurs, colères et espoirs.
Un nouveau Pete Fromm chez Gallmeister. Je ne pouvais évidemment pas faire comme si je n’étais pas au courant… mais j’ai quand même patienté (trépigné) pour sa sortie en Totem, cette collection poche que les éditions Gallmeister soignent si bien. Rien que pour leurs couvertures il faut découvrir toutes leurs parutions…
Mais revenons au Lac de Nulle Part. Ce roman nature writing qui porte si bien son nom et nous entraîne dans un voyage sur les rivières et les lacs du Canada sauvage, qui ne s’arrêtera qu’au prix de nombreux sacrifices.
Ils ont pour ainsi dire grandi dans un canoë. Les jumeaux Al (la fille) et Trig (le garçon) (ça ne s’invente pas, ayant un paternel mordu de mathématiques) ont grandi, mais quand leur père Bill avec qui ils n’ont plus de contact leur propose une ultime aventure, ils n’hésitent pas longtemps. Pourtant l’été touche à sa fin, les affaires habituelles et si précieuses de leur père pour leurs escapades n’arrivent pas à l’aéroport, les cartes n’existent plus…. qu’importe, Bill est convaincu et convainquant.
« Une aventure ? » Comme Papa, à la Gandalf. « Une quête ? » Hilares, on s’est demandé à quoi ressemblerait un mois dans un canoë en sa compagnie. Si Al paraissait dubitative, nous étions tous deux grisés à l’idée d’être à nouveau réunis. Nous avons voulu compter les années écoulées depuis nos dernières retrouvailles puis nous avons laissé tomber – peut-être valait-il mieux ne pas savoir.
Débute alors un périple qui s’avère se transformer en tentative de survie. Des traumatismes enfouis, des peurs qui emprisonnent, des relations à reconstruire ou dont on doit faire le deuil… Pete Fromm a le talent fou de nous amener au plus près de l’intimité de ses personnages, nous faisant ressentir physiquement leurs douleurs et leurs peines autant que leurs espoirs. Les personnages du Lac de Nulle Part on ceci de commun avec ceux déjà croisés dans les romans précédents de l’auteur qu’ils sont profondément et simplement humains.
Si j’ai trouvé le rythme de narration de la première partie un peu lent, j’ai compris ensuite le sens de l’accélération au fil du récit… et on ne peut pas s’ennuyer en visitant les paysages sauvages que Pete Fromm décrit avec tant de précision.
Un îlot de nature loin de la frénésie de notre monde. J’ai d’ailleurs eu, comme certains personnages, un peu de mal à regagner la civilisation à la fin de ma lecture.
Ce n’est pas la fin du monde, juste la planète qui la ramène, histoire de nous montrer ce dont elle est capable, au lieu de se contenter d’exister, ainsi qu’elle le fait d’habitude, une petite rodomontade au crépuscule pour nous rappeler que nous ne sommes pas le centre de la Terre, mais un détail mineur condamné à errer à sa surface.
