Dix âmes, pas plus

Ragnar Jónasson

Editions Points / 2023 / 336 pages

Le maître du polar islandais, Ragnar Jónasson, est devenu l’un des romanciers internationaux les plus reconnus. Et c’est en France, un pays qu’il aime profondément, qu’il remporte le plus grand succès.

Lorsque son amie lui montre une petite annonce qui recherche un « professeur au bout du monde », Una qui vivote à Reykjavik se dit que c’est peut-être l’occasion pour elle d’un nouveau départ, de se construire une vie loin de l’agitation de la capitale où aucune attache ne la retient.  

Départ donc pour Skálar. Littéralement au bout du monde, ce village ne compte que dix habitants. Dont deux enfants. C’est dire que l’intégration risque d’être un peu compliquée pour la jeune femme, citadine depuis toujours, qui a l’habitude d’enseigner à des classes entières et qui va devoir s’adapter sur bien des points. Les habitants ont l’air plutôt accueillants mais restent sur leurs gardes. Una a rapidement la sensation désagréable qu’on ne lui dit pas tout. Un sentiment de malaise la gagne peu à peu… jusqu’au jour où un habitant du village meurt brutalement de façon tragique.  

Malgré tout, Una est décidée à rester pour la mission d’enseignante qu’elle s’est donnée, même si le village de Skálar lui-même semble résolu à ne conserver que dix âmes. Pas plus.  

 — Ici, tout tourne plus ou moins autour du poisson. La pêche est plutôt bonne dans le coin, c’est grâce à ça que nous pouvons vivre. S’il n’y avait pas de poisson, je ne serais pas là à écrire des livres, et tu ne serais pas là pour enseigner. C’est le poisson qui régit l’existence. Ça et la météo. Foutue météo. Les marins doivent pouvoir accéder à la zone de pêche, et revenir chez eux. À Skálar, on prie beaucoup pour que la prise soit bonne et le temps clément ; parfois aussi pour des broutilles du quotidien…
Sa voix avait perdu toute trace de légèreté, elle était visiblement très sérieuse. Una se demanda à quoi ressemblerait la météo en plein hiver, au bord de l’océan, à l’extrême nord-est d’un pays au climat déjà difficile.
Un froid glacial et pénétrant, un vent violent et menaçant.
Et les ténèbres.

J’ai été happée par l’atmosphère glaçante que met en place l’auteur dès l’arrivée de Una dans ce village fantôme… peu d’action, une temporalité qui s’étire autant que les nuits, un climat obsédant, on habite littéralement avec elle dans ce paysage de fin du monde où la tension monte crescendo jusqu’à l’épilogue. Petit bémol pour cette fin justement, un peu abrupte, qui ne rend pas justice à l’intrigue et arrive de façon un peu pressentie. Dommage.

Une très bonne découverte pour moi qui lisais Ragnar Jónasson pour la première fois. J’aime définitivement beaucoup la façon qu’ont les auteurs scandinaves de nous emmener dans cette ambiance nordique à nulle autre pareille où planent mystères et légendes lors des nuits interminables et glaciales.  

Et lorsqu’on est seul au monde, les concepts de culpabilité ou d’innocence n’ont plus vraiment de signification.

Note : 3.5 sur 5.

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