Mungo

Douglas Stuart

Editions Pocket / 2024 / 528 pages

Après le succès phénoménal de ‘Shuggie Bain’ (plus de 1 million d’exemplaires vendus dans le monde), Douglas Stuart nous offre un roman social somptueux et déchirant : le portrait d’un jeune homme solaire, épris d’amour et de liberté, dans un monde empoisonné par la haine et l’intolérance.

Ma troisième lecture dans le cadre du #grandprixdeslecteurspocket2024 et mon premier coup de cœur (le seul? à voir mais bien possible).  

Il faut dire qu’il avait tout pour me plaire.. la Glasgow grise des années 90, les banlieues défavorisées, la violence qui fait survivre, de la sensibilité qui déborde de partout… et ce qui n’était pas prévu et qui m’a cueillie immédiatement, cette écriture poignante qui n’hésite jamais. Malgré la dureté et l’injustice, les secrets et les non-dits, l’auteur pose ses mots les uns à la suite des autres et on est face à la vie. Encore une fois, un roman sur la vie, simplement. Et qu’est-ce que j’aime ça! 

Mungo c’est le nom de ce garçon de quinze ans, plutôt beau avec ce fichu tic au visage. Un nom de saint écossais qui lui colle aux basques. Pris en étau entre un frère aîné, caïd et chef de gang, et une sœur-mère aux envies d’ailleurs, il tente de conjuguer sa famille au pluriel. Mais que faire face à une maman qui a démissionné avant même de le devenir et qui collectionne le whisky et le désespoir, la violence omniprésente de la rue et le poids de la conscience protestante? Pourtant Mungo aime. Il aime rêver, il aime la vie, les gens, les ruelles de sa ville et voir sa mère rentrer à la maison. Il aime que sa sœur puisse espérer un avenir et il aime rendre service, aussi. Mais par dessus tout Mungo aime James. Ce drôle de garçon catholique qui s’occupe si passionnément du pigeonnier de son père absent et qui lui offre un autre regard sur son monde, lui révèle des sensations enfouies et des échappées belles. Mais cet amour là n’est pas grand chose face aux regards de la misère et la violence qui n’est jamais loin.

La capacité de Mango à aimer la frustrait. Son amour n’était pas altruiste, il ne pouvait simplement pas s’en empêcher. Mo-Maw avait besoin de si peu et il produisait tant que tout ça donnait l’impression d’un insupportable gâchis. Son amour était une récolte que personne n’avait semée et il mûrissait sur une vigne que personne n’avait entretenue. Il aurait dû se flétrir depuis des années, comme l’amour de Jodie, comme celui d’Hamish. Mungo avait tout cet amour à donner et il traînait autour de lui comme des fruits mûrs que personne ne venait ramasser.

Moi aussi j’ai aimé Mungo et James. Leur rencontre, leurs moments volés et leurs espoirs d’une vie où ils auraient simplement le droit d’aspirer à un peu de douceur. Ils m’ont touchée profondément.  

Comme je le disais, Douglas Stuart n’hésite pas lorsqu’il écrit. Même lorsque cela devient presque illisible de douleur. C’est définitivement une histoire où le beau se dispute la place avec la noirceur la plus pure.

Ce fut alors que quelque chose changea pour Mungo. Ce n’était pas quelque chose qu’une mère pouvait faire oublier avec un baiser. Ce n’était pas un agresseur auquel un frère pouvait filer un coup de surin. Personne ne pouvait préparer un bol de bouillon pour oublier ça.

Note : 4 sur 5.

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