Les aiguilles d’or

Michael McDowell

Monsieur Toussaint Louverture / 2023 / 520 pages

Pied à pied, ordre social et marges sombres s’affrontent, chacun avec ses armes – loi, forces de l’ordre et presse contre coups tordus et embuscades nocturnes.

On ne présente plus Michael McDowell, père de la série Blackwater rééditée chez Monsieur Toussaint Louverture il y a deux ans. Le gros succès de cette saga a permis de remettre en lumière cet auteur américain des années 80 qui s’était fait une place parmi les écrivains d’horreur notamment. Connu aussi pour ses scénarios de films, c’est à lui qu’on doit entre autre Beetlejuice ou l’Etrange Noël de Monsieur Jack.  

C’est ici dans le New-York de la fin du XVIXeme qu’il nous emmène dans une fresque haute en couleur. La somptueuse New-York gangrenée par le vice et la pauvreté d’un côté et recouverte d’une belle couche moralisatrice de réussite sociale de l’autre, où gentlemans, prostituées, joueurs, voleurs, journalistes et mendiants se croisent à la frontière du quartier du Triangle Noir.  

Dès la mise en place – que certains critiqueront par sa longueur mais dont je me suis délectée – on comprend que l’intrigue n’aura réellement que peu d’importance face à la présence forte des personnages. On découvre peu à peu les membres de la famille Stallworth, menée par le patriarche, un juge aux mains de fer bien décidé à mettre la ville sous sa coupe, puis ceux du clan Shanks, une lignée presque uniquement féminine qui règne sur son quartier en accumulant presque autant de délits que d’intelligence.  

Si on n’incluait pas les prostituées, qui se comptaient par milliers, il y avait en 1882 plusieurs centaines de criminelles à New York.

L’espèce de parodie de lutte des classes qui ne cessent de se mélanger dans une rare violence est presque aussi jubilatoire que l’histoire de vengeance qui mènera chaque membre des familles à suivre un destin écrit d’avance et dont il lui sera impossible de se libérer. L’auteur – et j’avais déjà eu cette réflexion en découvrant Blackwater – a le don de créer des portraits de personnages extrêmement profonds et manichéens qu’il peut ainsi mener où bon lui semble.  

C’est un vrai plaisir d’assister à cette satyre sociale qui prouve une fois encore que la corruption n’est pas forcément chez ceux qui n’affichent pas une dévotion à toute épreuve.

La turpitude morale dans les hautes sphères était au moins aussi intéressante que la corruption du bas monde, et tout un chacun éprouvait de la satisfaction devant la chute d’un hypocrite, surtout s’il avait une réputation et de l’influence.

Note : 3.5 sur 5.

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