Tony Sandoval et Grazia La Padula




Editions Paquet / Collection Calamar / 2017
Quand certaines peines de la vie vous obligent à enfouir vos plus beaux souvenirs, certains voyages peuvent en réveiller les démons…
Baltus, jeune photographe prometteur, fais la rencontre d’une douce jeune femme grâce au hasard d’un cliché volé. S’ensuivent des moments de plénitude jusqu’à ce que la fatalité les rattrape et engloutisse le jeune homme dans un gouffre sans espoir. Dépassé par ses émotions et celles des autres pour qui la vie continue, il choisit l’exil. Là où il pourra retrouver un semblant de sérénité. Mais le jour ou une jeune journaliste le retrouve pour le ramener à la vie, aux autres, tout bascule. Quels choix pourront amener Baltus a faire la paix avec lui-même ?
La rencontre et la perte de l’amour d’une vie en quelques pages. Voilà commence cette histoire qui nous serre le cœur en deux minutes. Et puis arrive le basculement et une question essentielle : est-ce qu’une trop grande douleur peut transformer profondément un être jusqu’à lui faire ressentir des émotions elles aussi trop grandes pour lui ? Devenir sensible au point de s’enfuir, de choisir l’exil. Et puis un jour les souvenirs nous rattrapent. La vie aussi, avec le goût de ses émotions, de ses sensations. De ses peurs aussi et de la réalité qui parfois frappe de plein fouet.
C’est un bel album qui traite avec une grande finesse de sujets profonds et difficiles. Peut-on réellement échapper à nos démons ou vaut-il mieux les affronter ? La frontière entre réalité et rêve est très fragile tout au long l’histoire, la sensibilité dévelopée par Baltus qui lui permet de voir la beauté là ou personne ne la voit plus mais elle est aussi sa croix, lui faisant apparaître des visions terribles. A lui de choisir quelle place laisser à ces fantômes et où doit s’arrêter cet exil volontaire des sentiments.
Les illustrations sont magnifiques, on s’attache instantanément aux personnages, très expressifs, grâce en grande partie à leurs traits qui nous rappellent les marionnettes en bois de notre enfance…et qu’on apprécie avec quelques croquis en bonus à la fin, comme un sursis.
On referme cette BD avec un petit chamboulement au cœur et, comme il s’agit d’une histoire complète, l’envie d’aller découvrir d’autres trésors de cet auteur.