Soren Sveistrup

Editions Le Livre de Poche / 2020 / 736 pages
Début octobre, dans la banlieue de Copenhague, la police découvre le cadavre d’une femme amputée d’une main. A côté du corps, un petit bonhomme fabriqué de marrons et d’allumettes. Chargés de l’enquête, la jeune inspectrice Naia Thulin et l’inspecteur Mark Hess apprennent que cette figurine est porteuse d’une mystérieuse empreinte digitale qui appartiendrait à la fille de Rosa Hartung, ministre des affaires sociales, enlevée un an plus tôt et présumée morte. Thulin et Hess explorent toutes les pistes qui leur révéleraient un lien entre la disparition de la fille de la ministre et la victime à la main coupée. Lorsqu’une autre femme est tuée, selon le même mode opératoire, ils comprennent que le cauchemar ne fait que commencer…
Vous connaissez ces livres qui vous donnent l’impression que vos yeux ne vont pas assez vite pour connaître la suite ? C’est ce que j’ai ressenti en engloutissant ce thriller nordique du créateur de la série danoise The Killing – adorée – qui nous happe très vite dans une spirale policière haletante enchaînant les rebondissement avec finesse et intelligence.
L’intrigue – parfaitement maîtrisée – qui se met en place durant le premier quart du livre, nous plonge dans l’actualité politique danoise (plutôt méconnue en ce qui me concerne) en en étudiant les mesures sociales mises en place contre la violence faite aux enfants, les banlieues de Copenhague et dans l’intimité de familles dont les secrets plus ou moins bien enterrés n’ont rien à envier les uns aux autres…
Le style de Sveistrup suit un cheminement précis. Il nous emmène très exactement là où il avait prévu de le faire, sans que nous nous en rendions compte, avec subtilité, jusqu’au dénouement final totalement imprévisible. Il n’hésite pas à utiliser des termes crus et dénués de tout enrobage pour décrire des sujets particulièrement difficile et faire paraître plus réels encore les crimes et les tourments surgissant au fil des pages.
Depuis quelque temps déjà, Hess pensait à la mort avec indifférence. Pas parce qu’il n’aimait plus vivre, mais parce que être encore en vie était devenu trop douloureux. Il n’avait pas consulté, il n’avait pas demandé d’aide à ses quelques rares amis et il n’avait écouté les conseils de personne. Il s’était contenté de fuir. Il avait couru aussi vite que des jambes pouvaient le porter, l’obscurité sur ses talons, et parfois il avait réussi à la distancer.
J’ai particulièrement aimé les personnages aux profils extrêmement bien ciselés et remplis de failles. Un inspecteur au passé glorieux sous le coup d’un blâme et d’une mutation punitive, une jeune inspectrice ambitieuse au caractère bien trempé, un chef de la police aux dents longues et à la langue de bois, des parents dépassés ou terrassés…. On en déteste certains au premier abord, en ne comprenant pas leurs réactions ou leurs pensées, puis on apprend à les connaître, à leur pardonner, à les aimer… puis d’autres nous sont immédiatement sympathiques et nous déçoivent ou nous étonnent. L’auteur montre une faculté étonnante à plonger dans la psychologie de ses personnages tout en conservant une certaine pudeur et un mystère qui nous donne évidemment l’envie de poursuivre notre lecture.
Ce serait dommage d’en dire plus sur l’intrigue – thriller oblige – sauf que ce premier roman de Soren Sveistrup est une très grande réussite!
Alors… prêts à vous plonger aux côtés des inspecteurs Thulin et Hess dans une course contre la montre pour percer le mystère des petits bonshommes en marron ?
Elle espère que cette affaire est aussi simple qu’elle en a l’air.