Anaël Train

Editions du 123 / 2021 / 377 pages
Il deviendra l’un des troubadours les plus prisés de la cour de l’inoubliable Aliénor d’Aquitaine, mais à 7 ans, Jaufré Rudel peine encore à comprendre l’injustice qui frappe sa famille, privée de ses terres par le puissant duc d’Aquitaine.
Alors qu’il vient de perdre sa mère, le petit garçon se découvre une passion pour le chant et la musique. Et si, face aux nombreuses épreuves qui l’attendent, cet art se révélait sa meilleure arme ?
Oyez ! Oyez ! jouvencelles et damoiseaux, approchez…rejoignez le XIIème siècle et le Comtau de Blaye et laissez-moi vous conter une aventure que je viens de vivre et qui vous entraînera dans un monde empli de magie et de preux chevaliers, dans la droite lignée de La Chanson de Roland.
Notre héros, le très jeune Jaufré Rudel, fils d’un seigneur déchu de ses terres et qui vient de perdre sa mère, rêve de musique, d’histoires chantées avec passion et de voyager de cours en châteaux, puisant dans l’art des troubadours son courage et la promesse de restituer à son père ce qui lui a été volé. Mais aux côtés d’un frère dont les aspirations divergent totalement des siennes, il a du mal à trouver sa place, tiraillé entre une fidélité à son père et un destin qui l’appelle par des rencontres impromptues et des signes inévitables.
Aude et Guenièvre de Grimwald, jumelles aux pouvoirs divinatoires prédestinées à conseiller les plus grands à l’instar de leur aïeul Merlin, grandissent également avec une promesse qu’elles se sont faites, l’une de servir son roi, l’autre d’écouter son cœur. A l’aube d’accomplir leur destin et de quitter le foyer de Brocéliande qui les a vues grandir, elle se verront confrontées à des choix douloureux mais inévitables.
Et puis tout autour, des seigneurs, de l’amour, des royaumes qu’on se déchire, des us et coutumes oubliés, des mystères entourés de magie, des naissances mythiques, des prophéties, des banquets fastueux … bref tous les ingrédients qui font les bonnes et belles histoires, celles qui marquent les âges et construisent les légendes. Les noms et les références sont nombreuses, parfois presque trop pour celles et ceux qui n’auraient aucune connaissance préalable de l’histoire de France, mais je dirais qu’on peut facilement ne pas s’attarder sur certains détails trop historiques, ou au contraire, pourquoi pas, en profiter pour affiner nos connaissances et combler nos lacunes.
Anaël Train a cette faculté de mêler la réalité historique aux images fantastiques qui nous entraînent aux côtés de personnages ultra charismatiques. La langue utilisée, ponctuée ça et là de lais et de vers poétiques, rappelle – évidemment et fort heureusement – celle de ces temps passés, même si elle reste parfaitement accessible à chaque lecteur, ce qui ajoute au cadre et à l’environnement de l’histoire une crédibilité très agréable et nous plonge encore plus profondément dans le récit.
Le jeune troubadour ouvrit le livre à la première page, dévoilant le titre : La Chanson de Roland.
D’une voix légère il fredonna ces premiers vers qui, emportant mon esprit vers un ailleurs, apaisèrent pour un temps ma détresse.
On ne peut que constater qu’Anaël Train offre ici un hommage magnifique à sa mère, Mireille Calmel, et à son œuvre, perpétuant ainsi une lignée d’auteurs historiques passionnés et passionnants. Mais, si on assiste ici à un prequel de la grande trilogie initiée par Le lit d’Alienor de la mère de l’auteur, où les personnages rencontrés ici prendront toute leur ampleur et qu’on retrouvera avec plaisir, j’aime à croire que ce roman peut également vivre par lui même et construire son propre chemin.
A noter qu’une adaptation en BD de la série du Lit d’Aliénor, dont le premier tome, Duchesse d’Aquitaine, vient de paraître chez les éditions XO, les illustrations de Pierre Leguein accompagnant magnifiquement les textes de Mireille Calmel.
J’ai clairement été sortie de ma zone de confort avec ce roman. Si j’ai lu de nombreux textes médiévaux durant mes études et que j’aime cette période peut-être plus qu’aucune autre, je n’en lisais plus assez. Peut-être par lassitude, ou par envie de me détacher de textes trop scolaires. Et rien que pour ça, pour m’avoir redonné le goût de cette époque et de ses écrits uniques, je remercie les @editionsdu123 de m’avoir envoyé ce roman. Je ne compte pas m’arrêter là.
N’hésitez pas à visiter le site de l’éditeur qui propose, entre autres, d’autres magnifiques fresques historiques : https://www.editionsdu123.com/
Et pour en savoir plus sur ce livre c’est par ici : https://editionsdu123.com/auteurs/anael-train/le-serment-de-jaufre/
L’art troubadour exige entendement
Et raison, et bien que ne possédant
Pas ces facultés comme je l’entends,
J’implore à Dieu que mon désir émerge.
Car ce que je désire est que la Vierge
Fasse de moi son troubadour, céans.Alphonse X « le Sage », Cantigas de Santa Maria
(Préface)