Marie Gloris Bardiaux-Vaïente et Malo Kerfriden





Editions Glénat / 2019 / 128 pages
« (…) Qu’importe : Si Badinter n’a pas pu sauver l’innocent, il sauvera l’assassin. Car ce n’est pas le kidnappeur et meurtrier d’enfant qu’il doit défendre, mais la sanction capitale qu’il doit éradiquer. (…) »
28 novembre 1972, 5h13. Roger Bontems est exécuté suite au rejet de son recours en grâce. Il meurt sous la guillotine du bourreau André Obrecht. Des mots d’un autre temps. L’avocat de Bontems, incapable de se résoudre à l’idée de n’avoir pas pu sauver de la mise à mort un homme qui n’a pas tué, décide de se consacrer entièrement et durant presque 10 ans à l’abolition de cette loi justifiant des assassinats au nom d’un Etat qui nous en rend tous complices. Marqué, Badinter relatera le procès de Bontems et ses suites en 1973 dans son livre L’Exécution.
Le combat d’une vie valait bien une – bonne – BD, qui n’a même pas besoin de précision dans son titre. Clair, explicite. Même si on connaît évidemment les grandes lignes, on revit avec appréhension et émotion les étapes franchies par un homme guidé par ses idéaux, enjeux retracés avec finesse le long des centaines de pages de cet album. On comprend, de manière soudaine et violente, suite à la première confrontation malheureuse de Badinter en qualité d’avocat de la défense face à la peine capitale, les motivations qui le porteront à ne pas lâcher. Jamais. Même quand, à l’aide de flash-back sur son passé, il s’agit de regarder dans l’horreur et l’inconcevable. Là non plus, « il ne doit jamais y avoir d’exception. Jamais. ».
Mais laissons-là le sujet – vaste et universel – pour s’attarder sur l’objet. Le style est épuré, les mots s’effacent pour laisser la place aux images poignantes qui se suffisent parfois à elles-mêmes. Des regards qui valent milles mots, des jeux d’ombres, de couleurs et de teintes jouant avec les époques, qui parviennent à transmettre un vrai message. Le graphisme est sobre et percutant, il va droit au but.
Agrémenté de références utiles dans l’histoire de l’abolition de la peine de mort en France, ce livre est un hommage indispensable qui devrait trouver sa place dans toutes les bibliothèques. Indispensable parce que, en ces temps où le spectre du rétablissement de la peine de mort se montre de plus en plus présent, il est capital de se souvenir.
La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie.
Victor Hugo