Louis parmi les spectres

Fanny Britt et Isabelle Arsenault

Editions La Pastèque / 2016 / 158 pages

Mon père pleure.
Je ne veux pas dire qu’il pleure au moment où on se parle. Quoique c’est probablement le cas.
Je ne veux pas non plus dire que mon père (groupe du nom) pleure (verbe) devant les couchers de soleil (complément de phrase).
Je veux dire : mon père pleure.
Le chien aboie. Le chat miaule. Mon père pleure.

Attention coup de cœur… La Pastèque a encore frappé !

Ce roman graphique des québécoises Fanny Britt et Isabelle Arsenault, dont c’est la seconde collaboration après le succès de Jane, le Renard et moi en 2012, nous secoue de haut en bas.

Il aborde avec finesse mais justesse le problème de l’alcoolisme et ses ravages au sein de familles sans histoires. La vision du jeune Louis est celle d’un adolescent qui, en plus de tenter de faire face aux émotions envahissantes de son âge, doit parer aux peurs de sa mère et aux dérives dépressives de son père qui ne sait plus comment vivre sans la béquille destructrice de la boisson. Il apprendra, grâce aux spectres de son passé et à ceux qui entourent son quotidien, que le courage est une valeur qui se cache et se puise au fond de soi.

Il paraît que les parents veulent toujours donner à leurs enfants ce qu’eux n’ont jamais eu. Un tricycle rouge, une chaîne stéréo, des vacances à la mer.

Du courage.

Les mots sont emplis de délicatesse, d’amour fraternel, de compassion filiale, de courage… On assiste à un vrai drame familial, intime, ponctué par de fines touches d’humour tendre.

Les dessins d’Isabelle Arsenault, qui prennent plus de place encore que les mots dans ce sublime album graphique, apportent une puissance d’évocation et une poésie incroyables.

Lisez-le. De toute urgence.

Billie c’est elle.

Une sirène à lunettes, une tempête de pluie, une fontaine à chocolat, une reine muette.

Billie parle très peu. Je pense que c’est parce que les autres la déçoivent tellement qu’elle en perd l’usage de la parole.

Quand elle parle tout s’illumine, tout explose en grappes de miel et de feu. Billie ne fait pas des menaces, elle fait des promesses.

Note : 5 sur 5.

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