Liv Maria

Julia Kerninon

Editions de l’Iconoclaste / 2020 / Pages

Liv Maria est la fille d’une insulaire bretonne taiseuse, et d’un norvégien aimant lui raconter les histoires de ses romanciers préférés. Entouré de l’amour de ses parents et de ses oncles elle a vécu sur l’ile natale de sa mère dans un milieu protégé avec une douce quiétude et une certaine liberté jusqu’à « l’événement » qui lui fera quitter le cocon familial. Arrivée à Berlin comme jeune fille au pair, elle va vivre une histoire d’amour forte qui se terminera contre sa volonté. Simultanément un deuil familial l’amènera à voyager, à grandir et à rencontrer un deuxième amour sincère. Mais aura-t-elle le droit ou se donnera-t-elle le droit de le vivre vraiment ?

Le titre de ce roman n’aurait pas pu être plus juste. Ce n’est pas un livre avec plein de personnages enchaînant des aventures rocambolesques, des descriptions de lieux et d’événements qui nous racontent des histoires à elles-seules, non… c’est le livre d’une femme, c’est tout. C’est Liv Maria.  

On apprend à la connaître, dès sa naissance sur une île bretonne entre un père norvégien sensible et amoureux des livres, et une mère renfermée et taciturne, solide tenancière d’un café entourée de ses frères. Puis c’est un drame mal géré qui conduira Liv Maria à s’exiler, exploiter ses forces et ses faiblesses, à rencontrer l’ailleurs et les expériences de la vie, celles qui la feront grandir et celles qui la marqueront à jamais, jusqu’à la surprendre à nouveau comme un frisson. C’est l’intime qui est extirpé du quotidien, de la banalité de la vie.

Mystérieusement, Liv Maria retrouvait dans les cheveux de Flynn l’odeurs de plusieurs maisons où elle avait vécu. Quelque part sur son ventre flottait celle des biscuits norvégiens aux épices que faisait son père pour Noël. Dans ses mains, il y avait l’odeur de ses mains à elle le jour où elle avait pleuré la mort de ses parents, et parfois aussi une odeur de sciure dans laquelle elle reconnaissait celle de son enfance

C’est difficile de rendre compte fidèlement de ce que j’ai ressenti en lisant ce roman… ce destin de femme qui peut ressembler à celui de notre sœur, de notre mère. Une femme comme les autres femmes qui bâtit le monde en le portant sur ses épaules et en le prenant sous son aile. Mais surtout un destin de femme libre par dessus tout, qui nous montre que tout est possible quand on se sent affranchi de ses choix, tout en restant à la merci de ses souvenirs qui ne préviennent pas de leur visite.

Si le plaisir de lire l’écriture magnifique de l’auteure a pris le dessus, j’ai par moment ressenti un peu de frustration. J’ai lu ce roman dans une sorte d’état d’attente permanent de ce qu’il pourra m’offrir ou me faire découvrir. C’est peut-être le format court des chapitres ou la dynamique des phrases qui m’a donné en permanence une impression de tension latente que je n’ai finalement pas pu contenter et qui demeure comme en suspension depuis que j’ai refermé le livre.

Julia Kerninon nous offre néanmoins ici une héroïne magnifique dans ce roman dont on parle beaucoup, oui, qu’on voit partout, peut-être, mais qu’il ne faut surtout pas arrêter de faire connaître…

Mais le contraire d’oublier, Liv Maria, ce n’est pas se souvenir – c’est apprendre.

Note : 3.5 sur 5.

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