Mamma Roma

Luca Di Fulvio

Editions Slatkine & Cie / 2021 / 688 pages

Un orphelin qui veut changer le monde avec son appareil-photo.

Une artiste de cirque passionnée de politique.

Une comtesse aux aspirations républicaines.

Trois personnes que le destin conduit à Rome en 1870, cœur battant de l’Italie. Leurs chemins se croisent au milieu de cette ville prometteuse, et leurs rêves apparaissent comme un lien magique. Mais Rome l’éblouissante, l’insaisissable, présente des défis inattendus à ses nouveaux admirateurs.

Vous devez commencer à le savoir mais… j’aime tellement la plume de Luca Di Fulvio. Pour moi il rassemble subtilement dans chacun de ses romans tous les ingrédients que j’aime et qui font que l’histoire fonctionne à chaque fois (et je dois avouer que celui-ci, remis et signé des mains de l’auteur a une saveur toute particulière…).  

Du désespoir, des rêves, des drames, des héros charismatiques, des méchants bien méchants, de l’espoir, une intrigue au poil, saupoudrés d’un je ne sais quoi de magique qui nous transporte et nous fait respirer au rythme des personnages.  

Regarde autour de toi, ordonna-t-elle, regarde la misère, avec toutes ses difficultés. Tu les vois ?

….

Remercie Dieu d’être ici, reprit-elle. Et tu sais pourquoi ? Parce que dans un monde aussi moche il est plus facile de rêver. Tu n’as rien d’autre.

Mamma Roma ne fait pas exception à la règle et continue la lignée des romans de l’auteur qui marquent les esprits. Petit plus – pour les férus d’histoire comme moi – avec un plongée dans l’Italie de la fin du XIXeme siècle, plus précisément l’an 1870 qui connaît l’un des plus grands tournants de son histoire : la naissance d’une nation.  

C’est à Rome, sa ville natale, que l’auteur décide de nous emmener cette fois-ci. Entre les zouaves français qui défendent le dernier bastion autour du pape et les armées républicaines prêtes à tout pour réaliser leur rêve d’unifier leur pays, on y croise des personnages aussi attachants que malmenés par la vie, qui nous prennent par la main afin de nous faire vivre à leur côté leur destinée extraordinaire. La jeune Marta, qui ne s’est jamais sentie chez elle dans le monde du cirque où elle a grandi, Melo, le vieux bourru qui l’a recueillie et qui dévoile peu à peu un passé insoupçonné, la comtesse aux yeux violets et aux milles secrets, le jeune et charismatique Pietro qui cristallise en lui tous les espoirs et le futur des générations à venir, Ludovico, Henri, l’Albanese et tous les autres, si touchants, si surprenants. Et Rome. Inébranlable. Qui s’élève au-dessus de la misère, des tragédies et des espoirs.  

Courez! Approchez de la ville éternelle! Entrez par la Porta Pia, admirer la Piazza del Popolo, poussez jusqu’au cirque Callari pour y applaudir funambules et cavaliers, et déambulez entre les ruelles mythiques à nulles autres pareilles …  

Peut-être le roman le plus personnel de cet auteur aux doigts en or.

Ancora una volta: grazie signore Di Fulvio.

Rome était une ville répugnante, quand on la regardait comme ça. Et pourtant, tous les jours, le soleil se levait sur cette ville répugnante. Alors les rues boueuses, les ruines dévorées par les plantes grimpantes, les tricheries, les excréments, les mensonges, tout disparaissait. En fait, tout scintillait. Séduisant chaque jour Romains et étrangers. Les ensorcelant. Ainsi jour après jour, malgré elle, Rome recommençait à se faire pardonner. Et à se faire aimer.

Car il n’existait nulle part ailleurs une catin aussi extraordinaire que celle-ci. Et tous ceux qui la haïssaient le soir, la maudissant au moment de s’endormir, se réveillaient le lendemain résignés à l’aimer de nouveau, et à être trompés et trahis de nouveau. 

Note : 5 sur 5.

J’ai eu la chance de rencontrer cet auteur que j’aime tant durant sa venue au Salon du Livre en ville de Genève en automne dernier. J’ai pu suivre une conférence qui était dédiée à son dernier livre, Mamma Maria dont je vous ai parlé ici. Il nous a livré ses secrets intimes qui l’ont mené sur le le chemin de l’écriture de ce roman particulier pour lui, enchaînant les digressions pour notre plus grand plaisir (et le plus grand désespoir de la modératrice!).

Quand on aime autant un auteur, on se laisse à espérer que l’homme caché derrière ses mots est aussi intéressant et grandiose que ses livres. Que dire de Luca Di Fulvio… de sa gentillesse, du temps qu’il prend pour chacune des personnes venue lui dire son admiration, de son humilité, de sa curiosité à notre encontre, de son humour, de son intelligence…. Quel grand homme! Grazie Luca.


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