Laurent Petitmangin

Le Livre de Poche / 2022 / 144 pages
C’est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois êtres.
Un livre fulgurant, où l’auteur dénoue avec une sensibilité et une finesse extrêmes le fil des destinées d’hommes en devenir.
La Lorraine, son industrie, ses sections politiques, ses matches de foot et ses études ouvrières. C’est dans ce milieu que vit la famille dont on découvre l’histoire par la voix du père. Deux fils aimants, une mère partie trop tôt enlevée par la maladie, qui laisse un vide que le père comble à sa façon. De manière silencieuse et limitée. Pas parfaite. Mais pas trop mal. Avec ses deux gars il trouve un équilibre.
Mais la vie peut parfois être chienne. Faire prendre aux uns des chemins qui ne croisent plus celui des autres. Qu’ils soient de la même famille ou des inconnus. Et les conséquences peuvent être terribles… comment continuer à soutenir un fils qui diverge tant de ses propres convictions ? En avançant, jour après jour, essayant de se remettre en question et d’élargir ses idées. Cela suffit-il?
J’avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de rien, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards.
J’ai tellement aimé le discours de ce père, délivré comme un message emprunt de rage, de douleur et infiniment criant d’amour! Des racines ancrées dans la terre de leur naissance mais les yeux et le cœur ouverts sur le monde lorsqu’il s’agit de ses enfants. Une histoire terriblement prenante au langage brut et vrai, qui ne nous laisse pas décoller les yeux d’une ligne durant ses quelques 140 pages.
Il n’est pas nécessaire de produire un pavé pour écrire un grand livre.
J’ai reçu ce livre dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2022. Comme vous le savez j’ai participé à cette expérience pour élire le Polar de l’année. Tout ce qu’il faut de nuit est le lauréat de la catégorie Littérature. Quel choix magnifique 🌟
Août, c’est le meilleur mois dans notre coin. La saison des mirabelles. La lumière vers les cinq heures de l’après-midi est la plus belle qu’on peut voir de toute l’année. Dorée, puissante, sucrée et pourtant pleine de fraîcheur. Déjà pénétrée de l’automne, traversée de zestes de vert et de bleu. Cette lumière, c’est nous. Elle est belle, mais elle ne s’attarde pas, elle annonce déjà la suite. Elle contient en elle le moins bien, les jours qui vont rapidement se refroidir. Il y a rarement des étés indiens en Lorraine. On dit beaucoup de la lumière du nord de l’Italie en été, je veux bien le croire, je n’y suis jamais allée, mais je suis prêt à parier que la nôtre, pendant cette toute petite période, ces quinze jours d’avant la rentrée, à ce moment précis de la journée, la surpasse haut la main.