Sylvie Le Bihan

Editions Denoël / 2022 / 384 pages
Hommage passionné à une Espagne légendaire, Les Sacrifiés est un roman d’apprentissage chatoyant qui dépeint la fabrique d’un héros et le prix de la gloire.
Direction l’Andalousie, Séville 1925. Le jeune Juan Ortega, 15 ans, se lance dans la vie en devenant le cuisinier du célèbre torero Ignacio Sánchez Mejías, maestro connu dans toute l’Espagne. A l’image de l’oncle de Juan, Joselito, un torero mythique qui a connu la mort dans les arènes… un autre Ortega. Et lorsqu’on porte ce patronyme, 𝘰𝘯 𝘱𝘰𝘳𝘵𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘴𝘰𝘯 𝘴𝘢𝘯𝘨 𝘭𝘦 𝘤𝘰𝘶𝘳𝘢𝘨𝘦 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘮𝘰𝘳𝘵.
Juan rencontre le beau monde auprès d’Ignacio. Il côtoie les grands noms du moment entre artistes et intellectuels qui fascinent le maestro. Et puis très vite, il part à Madrid avec celui qui devient son mentor et rencontre son amante. Encarnacìon. Celle qui bouleverse son existence. Danseuse de flamenco, muse des artistes de l’époque, incarnant une Espagne flambante entre désir d’indépendance et murmures de guerre qui gronde et n’accordera aucune concession.
On suit Juan au fil des ans dans sa quête de soi, d’un amour inaccessible parce qu’intouchable et dans sa recherche d’une légitimité qu’il transpose en Espagne, en France ou sur les lignes d’une frontière en éternel mouvement.
Dans les mots que la vieille femme déposa au creux de son oreille, Encarnación perçut le murmure d’un oracle lointain : “Éloigne de toi ceux que tu aimes, car la nuit les engloutira et tu porteras leur corps…”
Première sélection à lire dans le cadre du #prixdulac2023 du @festival.du.lac dont le thème est cette année la Passion, l’autrice nous offre un très beau romain d’amour passionnel où l’engagement personnel et la fatalité jouent des coudes sur fond de guerre. Son écriture qui déborde de détails, de descriptions, nous permet de nous imaginer dans chaque scène, voyageant aux côtés de Juan et Encarnacìon de Séville à Paris.
J’ai été happée par cette histoire de racines, de terres qui sentent le soleil et la danse, de liberté et d’orgueil. De passion dans beaucoup de phrases, de mots de ce livre, comme souvent lorsqu’on évoque l’Espagne et ses peuples fiers.
Une très belle surprise.
Pour la danseuse, le poète et le torero, dans la poésie, la tauromachie comme le flamenco, le Duende représentait une élévation, la transcendance de l’âme tourmentée. Selon eux en quelque forme d’art que ce soit, se contenter de la beauté ne suffisait pas.