Eté 85

Aidan Chambers

Editions Points / 2020 / 336 pages

– Titre français original : La danse du coucou, paru en 1982 aux éditions Seuil –

« Une vie et une mort en quatre parties cent dix-sept petits morceaux sept semaines et cent dix-neuf repas six rapports circonstanciés et deux coupures de presse avec quelques blagues, deux ou trois devinettes, quelques notes, et un fiasco par-ci, par-là pour faire avancer le récit…
Pour que vous puissiez voir comment je suis devenu ce que je suis… »

Hal nous raconte l’été de ses 16 ans. Son premier amour et cette promesse, inéluctable, qui a tout fait basculer. Un roman d’amour et un hymne à l’adolescence merveilleusement inventif et bouleversant.

7 semaines. C’est ce que nous raconte Hal dans ce roman. 7 semaines de l’été de ses 16 ans, dans une station de bord de mer en Grande-Bretagne. 7 semaines bouleversantes et déterminantes. Charnières.

Son histoire avec Barry, fulgurante et passionnée – l’ami de coeur aux haricots magiques – est posée sur le papier par sa main adolescente, avec ses mots, sa vision des choses, ses tourments et ses fièvres… Le fait qu’il s’agisse de deux garçons n’est jamais, ou presque, le propos. On assiste juste à la rencontre d’une amitié qui se transforme en plus que cela, à sa vie, à sa mort. Jusqu’au drame. Avec tout ce que cela comporte de tensions, d’émotions et de palpitations… et surtout au plus juste, car raconté par le premier concerné.

C’est pour moi la grande qualité de ce roman, adapté cette année au cinéma par François Ozon. Le titre anglais original Dance on my grave a été publié une première fois en 1982 sous le titre La danse du coucou (que je trouve mieux adapté). C’est sous forme de journal intime, ou plus précisément de recueil de souvenirs (qu’on découvre adressé à l’assistante sociale qui cherche à reconstituer le fil des événements de ces quelques semaines précédent le drame) que se présente le récit. Entrecoupé de rapports, de poésie ou même de changements de points de vue, le rythme ne lasse jamais. L’auteur réussit la prouesse de nous faire réellement penser que c’est le jeune Hal qui écrit chaque mot, chaque bouffée adolescente, au gré de ses sentiments et de ses folies. C’est brillant.

– Tu sais ce qu’il faut faire de la mort ? dit-il.

Je secouai la tête, pensant à tout autre chose.

– Lui rire au nez.

Je dois avouer que j’aime être surprise par les livres que je lis et les dénouements qu’affrontent les personnages, vibrer et sursauter avec eux. Ici, on sait dès les premières lignes ce qui attend nos jeunes hommes au crépuscule de cet été fatidique. On apprend juste au fil des pages le chemin emprunté et comment les événements les poussent vers cet épilogue. C’est très personnel, mais j’ai été un peu coupée dans l’entrain de ma lecture à cause de cette manière de présenter les faits alors que je préfère nettement une surprise totale, de celles qui me plaquent au mur et me coupent le souffle. Ce qui aurait été le cas ici si le drame qui accable Hal et Barry n’avait été révélé qu’au moment du choc, alors qu’on assiste plutôt à des flash back et des souvenirs filés…

Mais malgré cette petite déception qui pourtant, je le conçois, fait sens quand on s’immisce dans les pensées du narrateur, c’est un livre bien construit et profondément touchant. J’emprunte humblement les mots que l’auteur écrit dans la postface et qui me paraissent résumer si bien sa pensée. Il explique que « l’histoire est faite de ses [Hal] souvenirs, mélangés à une tentative de lui donner un sens. » . On assiste à une véritable introspection plus qu’à une simple histoire. Et je n’ai pas pu m’empêcher à plusieurs reprises de me dire, au fil de ma lecture, « tiens, on dirait un film de François Ozon ». Et j’ai hâte de voir cette adaptation qui est, je crois, très réussie.

Note : 3 sur 5.

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