Adeline Dieudonné

Editions L’Iconoclaste / 2021 / 312 pages
Une station-service, une nuit d’été, dans les Ardennes. Sous la lumière crue des néons, ils sont douze à se trouver là, en compagnie d’un cheval et d’un macchabée. Juliette, la caissière, et son collègue Sébastien, marié à Mauricio. Alika, la nounou philippine, Chelly, prof de pole dance, Joseph, représentant en acariens… Il est 23h12. Dans une minute tout va basculer. Chacun d’eux va devenir le héros d’une histoire, entre lesquelles vont se tisser parfois des liens. Un livre composite pour rire et pleurer ou pleurer de rire sur nos vies contemporaines.
Je suis fascinée par les gens.
Je peux rester des heures assise à la terrasse d’un café à observer les gens passer en spéculant sur leur vie. Ou encore mieux, à la plage, observer ces familles déambuler en imaginant quel peut être leur quotidien, leurs occupations, leurs liens, leurs tracas, leur part d’ombre… on peut être tellement surpris par l’intimité que cache un costume trois pièces ou un sourire de façade.
J’ai donc été évidemment fascinée par les portraits sans concession qu’offre Adeline Dieudonné dans son deuxième livre. Elle énumère des vies, des personnalités, des traumas, des espoirs, des fatalités. C’est trash, c’est osé, c’est cruel, c’est hilarant, totalement et follement passionnant ! On se demande où veut nous emmener l’auteure en déambulant ainsi dans la vie de ses personnages, dans leur sphère privée, dans cette intimité inouïe que seul un narrateur omniscient pourra jamais nous offrir.
Leur point commun? De se retrouver un soir d’été dans une station-service au bord de l’autoroute. Quinze personnes, si l’on compte le cheval et le cadavre. Une station-service ou tout ne fera que passer au final. Comme la vie.
Je crois bien qu’elle s’était prise d’affection pour moi. Au moment de payer, elle disait toujours à ma patronne : « Vous avez de la chance de l’avoir, c’est une gentille fille, bien propre. » Je me sentais comme un épagneul breton qu’on caresse entre les oreilles.
J’avais énormément d’attente, évidemment comme beaucoup, suite à ma lecture de 𝘓𝘢 𝘝𝘳𝘢𝘪𝘦 𝘝𝘪𝘦, la première bombe d’Adeline Dieudonné qui m’avait énormément marquée. J’aime sa plume, j’aime son écriture sans concession et sans inhibition, elle entre dans ce que l’être humain a de plus sincère, sans filtre. C’est follement passionnant. Et je suis tellement, tellement contente d’avoir été embarquée à toute vitesse dans ce deuxième roman si différent et qui porte pourtant pour moi la même force émotionnelle, et qui encre Adeline Dieudonné dans ma liste des grands auteurs du moment.
D’autres arriveront. Toutes repartiront. Ici on ne fait que passer.