Catherine Bardon

Editions Pocket / 2020 / 592 pages
Alors que le pouls de New York bat au rythme des années 1960 et de la contre-culture, une jeune fille, Ruth, s’y installe pour y suivre ses études en rêvant de devenir journaliste. Elle y découvre l’amitié, le rock, l’amour… tout en se questionnant sur son identité. Pas évident d’avoir laissé derrière elle sa famille et sa terre natale, la République dominicaine…
J’ai lu le second tome de la saga de Catherine Bardon inaugurée avec 𝘓𝘦𝘴 𝘋𝘦́𝘳𝘢𝘤𝘪𝘯𝘦́𝘴, qui suit le parcours d’une famille juive viennoise exilée en République dominicaine pour fuir l’horreur du régime nazi. J’avais beaucoup aimé ma découverte de cette auteure et l’immersion historique dans la première moitié du XXeme siècle avait parfaitement fonctionné sur la férue d’histoire que je suis.
On retrouve ici la génération suivante, bien implantée sur l’île, qui cherche sa voie et, comme on pouvait s’y attendre, à comprendre ses racines entremêlées de plages dominicaines, renouveau israélien, vieille Europe et un chemin tout tracé vers l’Amérique. La petite Ruth, symbole du renouveau et de l’espoir dans la communauté dominicaine de Sosùa, prend son envol et tente d’atteindre ses rêves et de comprendre ses idéaux et priorités.
A l’aube d’écrire page de ma vie, j’avais besoin de ce lent arrachement à ma terre natale, et surtout, je m’étais mis en tête de refaire à l’envers le voyage qui avait amené Wilhelm et Almah Rosenheck, mes parents, sur cette île, plus de vingt ans auparavant. Ils comptaient au nombre de cette poignée d’« immigrants involontaires », comme on avait cyniquement baptisé à l’époque ces laissés pour compte, qui avaient échoué là à cause des cahots de l’Histoire, faute d’Amérique ou d’une meilleure terre d’asile.
Je serai honnête, j’ai été déçue. Je me réjouissais de retrouver la plume riche et remplie des recherches approfondies de l’auteure, d’être touchée par les mêmes émotions intenses qui m’avaient traversée lors du voyage de Wil et Almah vers leur liberté … mais je n’ai malheureusement rien ressenti de tel. Si j’ai à nouveau apprécié l’aspect socio-historique (le parcours politique de la République dominicaine, le regard des jeunes adultes sur la société américaine des années 60, le fonctionnement des kibboutz israéliens), l’intrigue est pour moi quasi inexistante et je me suis ennuyée… Même les histoires d’amour, d’amitié, de drames, manquaient cruellement de profondeur, de celle qui permet de nous toucher et nous marquer.
En fait, j’ai eu l’impression de lire une parenthèse, un lien nécessaire entre deux histoires durant lequel rien ne se passe vraiment mais qui nous prépare à la suite. On verra si cette suite me donne raison, car je pense retrouver Ruthie et les siens dans le dernier tome de la trilogie (je n’aime pas rester sur un goût d’inachevé). Mais en attendant je choisis de les laisser un peu de côté.
Affaire à suivre donc!
Le bonheur, on doit le fabriquer de ses propres mains.