Olivia Ruiz

Editions Le Livre de Poche / 2021 / 192 pages
» Enfin, après tant d’années de patience domptée, j’allais savoir pourquoi elle s’emballait tant pour cacher le secret que renfermaient ces neufs tiroirs. Ma grand-mère les nommait ses renferme-mémoire. » A la mort de sa grand-mère chérie, une jeune femme reçoit en héritage une intrigante commode, objet de tous les fantasmes de ses petits-enfants. Le temps d’une nuit, la narratrice va ouvrir ces neuf tiroirs de couleur, et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant ces nombreux secrets qui ont scellé le destin de plusieurs générations de femmes, entre France et Espagne.
Se plonger dans les tiroirs d’une commode qui recèle des trésors de toute une vie, comme se plonger dans les souvenirs accumulés au fil des ans pour apprendre d’où on vient, ce qui nous construit…
C’est l’histoire que nous raconte Olivia Ruiz, celle de ses racines, les origines de sa famille avec l’exil de sa grand-mère maternelle en France, fuyant l’Espagne franquiste comme tant d’autres. Elle libère la parole de sa famille par les mots qu’elle couche sur ces pages, un silence dans lequel les exilés emmurent trop souvent les générations qui grandissent loin de leurs origines.
Cette grand-mère, l’Abuela, figure forte et indépendante qui a su se reconstruire malgré les drames, les fuites et les trop nombreux départs, lègue à travers sa commode, celle qui l’a suivie durant toutes ces années, tiroir après tiroir, le secret des origines de sa famille. Elle permet à sa petite-fille de savoir d’où elle vient, pour mieux savoir où elle va.
On sent dans l’écriture d’Olivia Ruiz toute la tendresse et la fierté qu’elle porte à ses pays, celui de ses racines et celui de son enfance, reconnaissante de la richesse de ces cultures qui font d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Elle rend hommage à tous ces hommes et ces femmes qui ont trouvé l’exil loin de chez eux, qui se sont battus et sont tombés pour leur liberté.
Il grogna à ma nouvelle demande fantaisiste mais l’honora en repeignant les tiroirs aux couleurs de l’arc-en-ciel. Parce que c’est ça que je veux que tu retiennes. Nos couleurs. Chaudes, franches. Je veux que ces femmes si différentes, si vivantes, si complexes qui composent ton arbre généalogique puissent t’inspirer et t’aider à savoir qui tu es, le fruit de quels voyages et de quelles passions.
Un grand merci à @livredepoche pour l’envoi de ce roman. Un premier livre touchant et profond qui promet de belles choses à la Femme Chocolat sur la scène des auteurs.
C’est si facile de partir quand on ignore que c’est peut-être pour toujours.