Camilla Grebe

Editions Le Livre de Poche / 2020 / 480 pages
Quand des cadavres de jeunes hommes échouent sur les côtes de l’archipel de Stockholm, la jeune flic Malin et son supérieur, Manfred, sont missionnés pour résoudre ce sombre mystère.
Y a pas à dire, les auteurs scandinaves ont un don pour écrire des polars qui nous emmènent dans un tourbillon de sensations fortes et nous laissent le souffle court une fois la dernière page refermée.
L’Ømbre de la Baleine est le troisième tome de la série « Peter, Hanne, Malin » de Camilla Grebe commencée avec Un cri sous la glace et suivi du primé Journal de ma disparition. Comme souvent dans les séries de polars on retrouve la même équipe de flics plus ou moins cabossés à laquelle on s’attache au fil des pages et des tomes successifs. Si j’ai un peu regretté ne pas m’être renseignée avant sur cette trilogie (je n’aurais pas commencé avec le troisième livre), ce polar peut se lire indépendamment des autres car comme souvent dans les séries de polars les caractères sont plutôt bien situés et remis à leur place en début d’histoire. Un quatrième volet est sorti sous le titre français L’Archipel des larmes.
On débute ici avec une ouverture qui pose les règles : on n’est pas là pour rigoler. C’est dur et violent. Ça l’est un peu moins ensuite. Et puis ça redémarre. Des vraies montagne russes et on en redemande !
C’est dans la tête de différents protagonistes que l’on est placés selon les chapitres, se retrouvant successivement à la place d’un flic qui tente de se remettre sur les rails suite à une tragédie, d’un jeune garçon paumé mais intelligent et plein de ressources, et d’une mère dépassée qui se raccroche à une religion qui ne fait qu’entretenir l’illusion d’un espoir.
On est plongé dans le monde suédois des barons de la drogue, on croise des relations filiales qui se font écho et qui tentent désespérément de se comprendre à nouveau, et on subit une tension liées à de macabres découvertes et à des espoirs déchus faisant émerger ce qu’il y a de plus malsain chez l’être humain.
Je ne peux pas mourir. Pas déjà. Pas maintenant. Je n’ai pas le temps.
Si après un début prometteur j’avoue avoir pensé que certaines longueurs n’étaient pas nécessaires, l’auteure m’a clairement attrapée à nouveau dans son filet dans le dernier quart pour me faire refermer son bouquin, convaincue.
Clairement, ce polar m’a emmenée dans un suspense efficace et le meilleur atout de l’auteure est selon moi l’efficacité de la force de caractère de ses personnages qu’elle dépeint jusqu’à l’âme et qui sont extrêmement touchants et percutants.
Après son accident, j’avais l’impression que Jonas était reclus dans le ventre d’une baleine. Il ne pouvait pas communiquer, il était séparé du monde tel un fœtus dans l’utérus.. Comme j’ai prié ! Mais Dieu n’a pas respecté sa partie de l’accord : Jonas n’est jamais sortis de sa torpeur, il est demeuré dans l’ombre de la baleine. Et moi, je suis restée là, à son chevet.