Périandre

Harold Cobert

Robert Laffont / 2022 / 208 pages

En explorant la notion d’incestualité et le complexe de Périandre, Harold Cobert entremêle dans ce roman modernité et tradition, suspense et mythe, pour mieux conter l’ascension et la chute d’un garçon devenu homme, ainsi que la folie froide d’une mère.

Périandre, c’est l’un des plus grands tyrans de Corinthe qui a régné de 627 à 585 avant JC, offrant à son royaume ses plus belles années de gloire.  

Mais c’est aussi un homme. Adulé par sa mère pour qui rien ni personne ne peut être à la hauteur du prodige qu’elle a enfanté et qui est voué à régner comme personne avant lui.  

L’auteur nous raconte ainsi l’histoire de Périandre. Et de sa mère Cretea qui se livrera corps et âme pour faire de son fils le grand homme dont elle rêvait.  

Et il nous raconte une autre histoire. D’une autre mère et d’un autre fils. Pour illustrer l’universalité de cet amour de mère inconditionnel qui ne connaît aucune limite. Qui rase tout sur son passage, élimine les intrus les uns après les autres, guide inconsciemment sa précieuse progéniture à atteindre les sommets pour briller plus que tout autre. Telle une mante religieuse, elle place ses espoirs les plus fous dans la chair de sa chair pour qui évidemment rien ne saurait être à la hauteur, mais dont la chute peut être aussi rapide que l’ascension.

En revanche, que la chair de sa chair puisse un jour aimer une autre femme d’un amour plus fort et plus absolu que celui qu’il éprouve pour elle, un amour dont elle serait exclue parce que mêlant les sentiments et le corps, fusionnant l’esprit et le désir charnel, cette perspective la met à la torture, presque à l’agonie.

Ce jour maudit, elle le redoute comme un condamné espère l’heure de son exécution. Elle sait qu’elle en mourra à l’intérieur d’elle-même.

Telle une farce cruelle, l’auteur nous fait suivre année après année les étapes de cette relation mère-fils étouffante et malsaine qui n’a qu’un seul but : contenter les attentes immorales d’une femme sans scrupules et remplie d’une froide folie.

Un grand merci aux Editions Robert Laffont pour l’envoi de ce livre pas tout à fait comme les autres, plaisant mélange de mythologie et de huis-clos familial dont on ressort quelque peu décontenancés mais très touchés.  

Tu sais, l’amour entre les hommes et les femmes, ça va, ça vient, c’est compliqué. Mais le seul amour qui reste toute la vie, quoi qu’il arrive, le seul qui compte, c’est celui d’une mère.

Note : 3 sur 5.

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