Tatjana Malik

180° Editions / 2022 / 396 pages
Dans cette région subarctique et sauvage du Canada, les jours commencent à se rallonger. Pourtant, le ciel s’assombrit. Les eaux bleu turquoise du Yukon se ternissent et les épinettes noires des vastes forêts se dressent, telles des poils hérissés par l’effroi. Des signes annonciateurs de mauvais augure…
C’est au milieu des paysages sauvages et rudes du Yukon canadien que se déroule le fil d’une enquête sanglante sur les traces d’un tueur en série (qui prend un malin plaisir à séparer les corps et les têtes de ses victimes), à laquelle participe la jeune Morgane Michel, stagiaire de la police suisse en immersion au sein de la brigade criminelle locale.
Un chapitre sur deux, on découvre petit à petit celui qui se fait appeler 𝘏𝘦𝘢𝘥 𝘊𝘩𝘰𝘱𝘱𝘦𝘳. Son fonctionnement, ses habitudes, ses failles, ses traumas… et on avance dans le polar comme dans l’enquête, parallèlement à la brigade, accumulant les indices, persuadé à un moment tenir le coupable, puis rebrousser chemin et se focaliser sur un autre potentiel assassin… L’auteure joue avec nous comme le criminel avec ses victimes, et on se prend totalement à ce jeu macabre. Car il faut le dire, Tatjana Malik n’y va pas avec le dos de la cuillère! Moi qui aime les polars sanglants et violents, j’ai été servie par les descriptions détaillées des scènes de meurtre et le reste…
Depuis toujours, il s’était senti différent des autres. Le fait de ne pas s’intéresser aux gens l’avait aussi peu à peu isolé des contacts sociaux. La situation s’était encore empirée lorsque son père était décédé et que les commérages avaient débuté. On l’avait surnommé le bizarre : fils d’un père lâche et d’une mère indigne.
On s’attache volontiers aux personnages (il faut dire que les dialogue ponctués de mots suisses sont plutôt sympas) et au cadre de l’histoire, majestueux Canada sauvage où on sent la nature ultra-présente et dominante. Même si Morgane, son père et son petit ami Vincent ont déjà été les protagonistes d’un précédent polar, 𝘓𝘦 𝘭𝘰𝘶𝘱 𝘥𝘶 𝘝𝘢𝘭 𝘥𝘦 𝘉𝘢𝘨𝘯𝘦𝘴 (dont les faits marquants de l’histoire sont parsemés ici), nul besoin de l’avoir lu pour savourer celui-ci (même si maintenant j’ai très envie de le découvrir!).
C’est la troisième parution de Tatjana Malik et on sent que l’écriture doit encore parfois prendre en maturité, mais le fil de l’intrigue et le maintien du suspense sont parfaitement maîtrisés ! Découvrir la plume de cette auteure suisse – inspectrice à la police scientifique vaudoise – a été une agréable surprise et je compte bien me plonger dans le reste de son œuvre.
Merci aux @180editions pour cette jolie découverte locale !
(notre Suisse a du talent ! n’hésitez pas à zieuter le catalogue de cette super maison d’édition : http://www.180editions.com/ )
Avant de s’installer derrière un ordinateur, Head Chopper scruta méticuleusement les lieux, à la recherche d’éventuelles caméras de surveillance. Rassuré, il prit place, puis envoya un e-mail au scribouillard qui avait écrit l’article, via la boîte de messagerie générale du journal.
Avant de partir, il nettoya discrètement et soigneusement le clavier de l’ordinateur, à l’aide d’un chiffon imbibé de désinfectant qu’il avait toujours dans son sac, puis retourna à son travail.