Manon Gauthier

Le Livre de Poche / 2022 / 224 pages
Enquêter sur la vie des autres vous pousse parfois à fouiller dans la vôtre.
Entremêlant avec habileté son récit intime à celui de Gary Stewart, une jeune journaliste s’interroge sur notre capacité à faire coïncider fantasme et réalité, et les difficultés à briser ce mécanisme.
Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs 2022, ce petit roman d’un peu plus de 200 pages m’a laissé un peu perplexe.
Je m’explique.
Je n’ai pas du tout adhéré à l’écriture. Enfin, au début ça allait, je trouvais même un peu dur l’avis de certains de mes co-jurés, commençant un agréable moment de lecture, me prenant au rythme assez vite. Et puis ça s’est emmêlé, ça s’est embrouillé, ça m’a ennuyée parce qu’un sujet a beau m’attraper, si l’écriture n’est pas à la hauteur de mes attentes, ça prend l’eau.
Et pourtant le sujet m’a parlé. Beaucoup. Une jeune journaliste de faits divers enquête et écrit l’histoire de Gary Stewart, un homme persuadé que son propre père serait le Zodiaque, tueur en série célèbre pour avoir commis plusieurs meurtres au nord de la Californie dans les années 60 et 70. Mettant la pression à la presse, il enverra des lettres à plusieurs journaux pour qu’ils publient des cryptogrammes sensés révéler son nom. De nombreuses adaptations (cinéma, séries, BD, même musique) seront tirées de ce fait divers qui a fait les grands titres de ces années-là. De manière parallèle, les questionnements liés à la filiation et à la quête de vérité résonnant en elle, elle va se rendre compte que l’obsession que nourrit Gary n’est pas si lointaine de celle qu’elle porte en elle suite à la mort mystérieuse de son père, disparu par noyades des années auparavant.
Tout pour me plaire! De l’histoire vraie, de la quête identitaire et filiale en veux-tu en voilà, un personnage principal fort, féminin et attachant.
Et pourtant. C’est un sentiment en demi-teinte que m’a laissé ma lecture. J’ai aimé le sujet, bien amené, plein de potentiel, avec le parallèle des histoires de recherches d’identité paternelle comme une mise en abîme, ce qui amène une personne à tomber dans la folie… mais la plume m’a totalement perdue. Dommage.
« Sans cette confrontation violente à une simple image, les recherches de Gary n’auraient peut-être jamais convergé vers l’affaire du Zodiac. Car c’est bien ce portrait-robot qui s’est imprimé sur ces rétines et l’a poussé à partir sur les traces du mystérieux tueur en série.
C’est là que son destin s’est lié au sien, en dépit du bon sens ».