Blackwater

La Crue. La Digue. La Maison. La Guerre. La Fortune. La Pluie.

Michael McDowell

Editions Monsieur Toussaint Louverture / 2022 / env. 250 pages par tome

Au-delà des manipulations et des rebondissements, de l’amour et de la haine, Michael McDowell (1950-1999), ­co-créateur des mythiques Beetlejuice et L’Étrange Noël de Monsieur Jack, et auteur d’une trentaine de livres, réussit avec Blackwater à bâtir une saga en six romans aussi ­addictive qu’une série Netflix, baignée d’une atmosphère unique et fascinante digne de Stephen King.

La Crue. La Digue. La Maison. La Guerre. La Fortune. La Pluie.  

Les 6 tomes qui composent la saga dont tout le monde parle : Blackwater. Écrite il y a des années, son auteur décide de faire paraître un épisode par mois de janvier à juin 1983. Inédite en France, c’est chez Monsieur Toussaint Louverture et à raison d’un tome tous les quinze jours d’avril à juin – pour respecter le processus de l’auteur – que nous avons pu les découvrir (quand on ne tombait pas sur les nombreuses ruptures de stock des librairies).  

Les sublimes couvertures fantasmagoriques, créées par Pedro Oyarbide, entre cartes de tarots et tatouages gothiques, extrêmement travaillées sont tellement attirantes qu’il est difficile de passer à côté. Les détails sont fascinants et nous donnent des indices sur l’intrigue, je trouve cette idée vraiment géniale. Elles sont le fruit de nombreuses heures de travail, de l’idée à la conception, jusqu’à la dorure finale qui capte la lumière de manière presque magique.  

Voilà la plus grande méprise au sujet des hommes ; parce qu’ils s’occupent de l’argent, parce qu’ils peuvent embaucher quelqu’un et le licencier ensuite, parce qu’eux seuls remplissent des assemblées et sont élus au Congrès, tout le monde croit qu’ils ont du pouvoir. Or, les embauches et les licenciements, les achats de terre et les contrats de coupes, le processus complexe pour faire adopter un amendement constitutionnel – tout ça n’est qu’un écran de fumée. Ce n’est qu’un voile pour masquer la véritable impuissance des hommes dans l’existence. Ils contrôlent les lois, mais à bien y réfléchir, ils sont incapables de se contrôler eux-mêmes. […] Parce qu’ils se complaisent dans leur pouvoir immense mais superficiel, les hommes n’ont jamais tenté de se connaître, contrairement aux femmes qui, du fait de l’adversité et de l’asservissement apparent, ont été forcées de comprendre le fonctionnement de leur cerveau et de leurs émotions.

Perdido. Un nom comme un message pour cette ville de l’Alabama qui sera le théâtre de cette fresque du début du siècle dernier sur une cinquantaine d’années. Perdido, gouvernée par de riches familles, qui doit tout à ses rivières impétueuses qui donnent mais qui reprennent aussi. Insondables, elles ne pardonnent rien.  

Scène d’ouverture. La ville est inondée et une femme, mystérieuse et magnifique, est retrouvée dans une chambre d’hôtel et sauvée par l’héritier de la famille Caskey. Commence alors l’histoire. Des rencontres, des tragédies, des plans machiavéliques, des vengeances et des pardons. Un soupçon de surnaturel, une touche d’horreur. Et une plume qui se dévore.  

Si vous décidez de partir à la rencontre de Blackwater, assurez-vous de pouvoir connaître l’entier du destin de la famille sans devoir courir à la librairie. Qui sait.  

Peu importe les épreuves endurées, peu importe la souffrance et les erreurs, peu importe ce à quoi on a renoncé et à quoi on aurait dû s’accrocher, peu importe à quoi on s’est accroché et à quoi on aurait du renoncer, peu importe ce qui nous a rendu malheureux, il ne faut pas souhaiter qu’il en ait été autrement.

Note : 4.5 sur 5.

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