Le pouvoir du chien

Thomas Savage

Editions Gallmeister / 2019 / 288 pages

Thomas Savage signe un huis clos d’une rare intensité psychologique, un western littéraire d’avant-garde qui scandalisa la critique lors de sa sortie en 1967 pour avoir porté atteinte au mythe du rude et viril cow-boy de l’Ouest.
Inexplicablement resté dans les limbes de l’édition pendant de longues décennies, redécouvert à la fin des années 1990, Le Pouvoir du chien est aujourd’hui reconnu comme un chef-d’œuvre de la littérature américaine du XXe siècle.

Phil et George. Aussi différents que peuvent l’être deux frères tombés par hasard dans la même famille. Phil est aussi brillant que George est terne. Dans les années 1920, il dirige le domaine familial d’une main ferme et brutale et il est respecté pour ses manières directes et rudes. Son frère, tel son ombre, reste à sa place sans faire de bruit, un peu maladroit, un peu inadéquat.. un équilibre qui convient. Qui suffit pour un quotidien de fermiers prospères du Montana de l’un des plus grand ranchs de la région.  

Et puis arrive Rose. Veuve d’un premier mariage, elle réveille en George des émotions insoupçonnées et elle va vite prendre place à ses côtés, accompagnée de son jeune fils Peter. Mais cette décision n’est pas celle de Phil. Pas cette fois. Son équilibre est mis en péril et il n’est pas le genre d’homme à qui cela arrive.  

Et pourtant.  

Phil savait, Dieu en est témoin, il savait parfaitement ce que c’est d’être un paria, et il avait détesté le monde par crainte que le monde ne le déteste en premier.

Thomas Savage nous happe dès les premières pages. Presque dès la première phrase. Percutante. Il décrit un univers qui crisse sous les dents comme du sable. Les rapports humains entre domination et manipulation sont extrêmement bien utilisés et la complexité du personnage de Phil est un chef-d’œuvre à lui tout seul. Quant à la tournure de l’intrigue, si on se demande durant quelques chapitres où l’auteur nous emmène, elle nous met un direct du droit et rallume en même temps une petite flamme au fond de nous.  

Mais je n’en dis pas plus et je programme pour un de ces soirs de regarder l’adaptation de ce grand roman par Jane Campion, où Benedict Cumberbatch semble être l’incarnation d’un Phil absolument parfait.  

Phil s’était inquiété inutilement, mais l’on se demande parfois si les gens sont vraiment ceux que l’on croit, ou bien si l’on se contente de croire qu’ils sont ainsi, alors qu’ils sont en réalité comme ils sont, et pas ceux que l’on croit.

Note : 3.5 sur 5.

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