Vanda

Marion Brunet

Le Livre de Poche / 2021/ 224 pages

Aujourd’hui je vous parle d’un tout petit livre. Un mince roman qui peut disparaître dans les rayons d’une bibliothèque entre les gros pavés et les sagas de plusieurs tome. Et pourtant. Si petit par la taille et si grand par le tourbillon d’émotions qu’il a déclenché chez moi.  

On y fait la connaissance de Vanda, une fille solitaire, un peu en marge, et de son fils Noé, son petit Bulot qu’elle aime de façon démesurée et exclusive. Ils se suffisent à eux-mêmes dans une relation fusionnelle qui vacille entre une triste culpabilité enfantine teintée d’une loyauté à toute épreuve et un amour maternel faussé par une rage contenue depuis trop longtemps. Vanda est entière, louve, prête à tout pour garder son enfant pour elle seule. Et quand le père de Noé, qui découvre son existence, veut faire partie de sa vie, elle bascule. Incapable de laisser son enfant prendre son envol. 

Vanda a admis très tôt qu’elle était seule, comme on est seul au jour de sa mort.

Elle en a consommé la douleur jusqu’à en faire une identité, une armure. Les autres comptent un peu, mais ils s’en vont, disparaissent. Regarde sa meilleure amie d’école primaire, celle avec qui elle jouait sous les draps, et la petite bande du lycée dont la principale préoccupation était de fuir le coin au plus vite. Elle ne sait pas ce qu’ils sont devenus, ils n’ont pas résisté au temps, à l’absence. Et les amours terribles, de celles qui donnent du sens aux pulsations, pour qui on pense pouvoir mourir, ou qui nous ont tué en partant. C’est des conneries, on n’en meurt pas.

Quand son fils est né, quand elle l’a reçu contre elle pour la première fois, ça a déchiré quelque chose, en dedans. Il était là et il n’avait qu’elle. Il va t’aimer toute sa vie, elle se répétait, et elle ne savait pas si c’était Un bonheur ou une putain de malédiction.

Marion Brunet dresse un portrait de femme extrêmement fort et sensible qui nous pousse tant du côté de la compassion que de celui de la colère contre celle qui fait passer son besoin d’être mère avant tout le reste, même avant son propre enfant. Son histoire, ses expériences, ses luttes incessantes, toute la vie de Vanda est dirigée vers une seule issue : le combat. L’histoire monte en intensité au fil des pages, frôlant la folie, jusqu’à nous faire retenir notre souffle au dernier chapitre, aux tout derniers mots…  

Une histoire de vie qui touche, qui choque, qui bouscule. Tout ce qu’on attend d’un bon bouquin finalement. 

L’enfant caresse l’entrelacs de cheveux au cou de sa mère, colle son nez à la peau brune, pile poil sur le coquelicot sous l’oreille. Le cœur de Noé tremble jusqu’aux prémices d’un sanglot mais la peur est trop grave pour libérer de nouvelles larmes.

Note : 3.5 sur 5.

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