Les Muses

Alex Michaelides

Le Livre de Poche / 2022 / 416 pages

Le coup de fil de Zoé, après la séance de groupe du lundi soir ; c’est ainsi que tout avait débuté.
C’est ainsi que le cauchemar avait commencé.

Que feriez-vous si un tueur en série sévissait dans l’université que fréquente votre nièce adoptive que vous considérez comme votre fille? 

Cette question, Mariana ne se la pose pas longtemps le jour où elle apprend qu’une des amies de Zoé a été retrouvée sauvagement assassinée. Malgré le deuil qui la frappe et dont elle n’arrive pas à se remettre suite à la mort de son mari une année auparavant dans des conditions tragiques, la psychologue spécialiste des thérapies de groupe se rend immédiatement à Cambridge. Confrontée à ses propres souvenirs d’étudiante, sur les traces de sa jeunesse aux côtés de Sebastian qu’elle aimait tant, Mariana n’hésite pas à se lancer sur les traces du mystérieux tueur qui continue à semer des cadavres sur son passage dont les points communs sont sans équivoque. Toutes jeunes, belles et brillantes, ces étudiantes faisaient toutes partie d’un mystérieux groupe élitiste surnommé les Muses, sous la coupelle du mystérieux et charismatique professeur Edward Fosca.  

Entre convictions et retournements de situation, rencontres inattendues et introspection inconsciente, le chemin suivi par Mariana pour tenter de dévoiler la vérité l’emmènera au-delà de ce qu’elle aurait osé imaginer.  

L’ironie qu’il y avait à être finalement devenue thérapeute de groupe ne lui échappait pas. Mais paradoxalement, cette ambivalence par rapport aux autres la servait. En thérapie de groupe, c’est le groupe, et non l’individu, qui est au centre du traitement : être un bon thérapeute de groupe, dans une certaine mesure, consiste à être invisible.
Mariana était douée pour ça.

C’est le premier livre que je lis de cet auteur, que je découvre dans le cadre du Prix des lecteurs du Livre de poche, et c’est plutôt une très bonne surprise. L’univers feutré de la prestigieuse université anglaise dans lequel il nous emmène, crée à lui seul un cadre parfait pour ce polar sur fond de psychologie, des mythologies antiques aux confréries ancestrales, teinté de mystère et de non-dits. On assiste à une sorte de tragédie grecque en huis-clos, portée par les souvenirs de notre enquêtrice.

Si j’ai trouvé le dénouement un peu brutal et quelque peu tiré par les cheveux, j’ai aimé que Alex Michaelides ose proposer un final qui nous sort de notre zone de confort. Tout le long du récit on ressent les mêmes convictions que Mariana, et peu à peu l’auteur nous embrouille l’esprit pour nous faire douter… Je ressors donc de cette lecture assez emballée et avec l’agréable envie de découvrir d’autres écrits de cet auteur, notamment son premier roman Dans son silence paru en 2019 et qui a connu un vrai succès.

Le terme « psychopathe », inventé par un psychiatre allemand en 1888 – l’année où
Jack l’Éventreur sema la terreur dans Londres –, vient de l’allemand
« Psychopatische » et signifie littéralement « âme en souffrance ».
Pour Mariana, c’était là que se trouvait l’indice, dans la souffrance, avec l’idée
que ces monstres souffraient aussi. Les considérer comme des victimes lui
permettait d’avoir une approche plus rationnelle, et plus empathique. La
psychopathie ou le sadisme n’arrivaient pas de nulle part. Ce n’étaient pas
des virus qui infectaient quelqu’un sans prévenir. Leur source remontait loin dans l’enfance.

Note : 4.5 sur 5.

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